
Le 16 avril 2024 n°2
EN BREF
Les budgets, définitif pour 2024 et prévisionnel pour 2025, votés en petit comité le 14 avril dernier, montrent au grand jour une situation financière de la commune qui s’est dangereusement dégradée depuis 5 ans.
Entre un fonds de roulement (trésorerie) devenu dramatiquement bas, certains frais de fonctionnement dont la justification laisse, pour le moins, perplexe, des dépenses d’investissement pharaoniques et une dette due à une gestion immature du lotissement du Val d’Hermenne — dette que devront rembourser les futurs élus sortis des urnes en 2026 — on peut dire, sans risque de se tromper, que la municipalité actuelle a, en très peu de temps, accompli l’exploit de vider des caisses pleines, ce qui va inexorablement finir par coûter cher aux Provillois.
Parlons Vrai, Parlons Argent (le vôtre, en particulier)
Ce lundi 14 avril, le conseil municipal, enfin 13 présents sur 23 élus (les membres de la majorité municipale seraient-ils fatigués par la manière dont les traite leur chef pour déserter ainsi la mairie ?) a délibéré sur :
- les comptes de l’année 2024 (compte financier unique)
- le budget primitif pour l’année 2025 (budget prévisionnel)
Curieuse date retenue que ce 14 avril (la date limite légale est le 15 avril), en pleines vacances scolaires… ce qui impliquait automatiquement, comme étant prévisible, l’absence de plusieurs élus partis, avec leurs enfants, se détendre.
Curieuse date quand on sait que la mairie disposait de tous les documents nécessaires pour tenir cette réunion depuis plus de 3 semaines.
Y aurait-il « un loup » derrière le choix de cette date, si dérangeante pour les uns et si arrangeante pour d’autres ?
Sans entrer dans les détails (ce serait trop long), examinons ce qui interpelle le plus.
1) S’agissant des comptes (budget) de l’année 2024
Prenons ce qui s’appelle le « résultat cumulé », ce qu’on peut traduire par le bénéfice au 31 décembre correspondant, peu ou prou, à la situation de trésorerie encore dénommée fonds de roulement.
Ce résultat s’établit à 287 356 euros.
Tout un chacun peut s’interroger : est-ce beaucoup, est-ce normal, est-ce trop peu ?
D’abord, comparons avec deux communes voisines dont les budgets sont loin d’être au niveau de celui de Proville (3 167 habitants) :
- Rumilly-en-Cambrésis (1 422 habitants) : 430 000 euros
- Cauroir (577 habitants) : 560 000 euros
Déjà, on se rend compte qu’à l’évidence, notre commune est loin, très loin du compte.
Selon les critères du Ministère des Finances, le fonds de roulement d’une commune ne devrait pas être inférieur à l’équivalent de 60 jours de dépenses réelles de fonctionnement (la moyenne nationale pour les communes de 2 000 à 3 500 habitants est de 166 jours).
De la comptabilité de la commune, il ressort un montant de 3 311 619 euros de dépenses réelles de fonctionnement.
Le fonds de roulement minimum de 60 jours de dépenses devrait donc s’élever à : 3 311 619 ÷ 365 x 60 = 544 374 euros
On est à l’évidence très éloigné du résultat de 287 356 euros, qui ne représente donc que 32 jours de dépenses (un simple mois de fonds de roulement).
Ainsi s’expliquent les difficultés connues au cours de l’année 2024, qui ont obligé la municipalité à contracter un emprunt à court terme (ligne de trésorerie) de 200 000 euros pour pouvoir payer les factures courantes de fonctionnement.
Du jamais vu à Proville depuis le début des années 2000 !
MAIS OÙ EST PASSÉ TOUT CET ARGENT ?
On peut légitimement s’interroger sur les raisons qui ont amené la commune à connaître ces difficultés financières, surtout si l’on se souvient que pour le budget 2020 (année de la fin de mes mandats), ce report bénéficiaire s’élevait à 1 914 153 euros (soit 6,6 fois le résultat de 2024), et que, de surcroît, depuis lors, un emprunt de 1,4 million d’euros a été contracté.
Comment a-t-on pu en arriver là en aussi peu de temps ?
2) S’agissant des comptes (budget) pour l’année 2025
Il y aurait beaucoup à dire sur ce budget primitif (prévisionnel), beaucoup trop pour un simple article.
Focalisons-nous donc, aujourd’hui, sur deux seuls points :
POURQUOI PAYER DES ENTREPRISES PRIVÉES QUAND ON A DES SALARIÉS CAPABLES DE FAIRE LE TRAVAIL ?
Les salaires (1 920 000 euros) représentent 55 % des dépenses réelles de fonctionnement, ce qui est largement plus que la moyenne nationale mais, surtout, qui est supérieur de 260 000 euros au montant total de vos impôts locaux (1 660 000 euros). Imaginez-vous !
Cela pourrait, en partie, s’expliquer par la diversité et la qualité des services offerts à la population depuis la fin des années 1990, sauf que…
Sauf que depuis quelques années, on fait intervenir, pour des sommes importantes (près de 100 000 euros par an), sommes qu’on peut ainsi considérer comme des salaires supplémentaires par sociétés interposées, des entreprises extérieures pour effectuer des travaux « de tontes et débroussaillages des espaces enherbés, désherbage et bêchage des massifs floraux et parterres communaux, travaux de taille, d’élagage et d’abattage d’arbres et d’arbustes ».
Mais n’existe-t-il pas dans notre commune un service dédié de plusieurs salariés qui disposaient encore en 2020 de tout le matériel approprié ?
Quelles seraient donc devenues leurs missions, quand on sait, de surcroît, que la commune utilise un robot industriel pour entretenir le stade de football ?
N’est-on pas là en pleine gabegie ?
La commune est-elle si riche que ses élus puissent ainsi dépenser inutilement ?
COMMENT LES ÉLUS EN PLACE N’ONT PAS SU GÉRER LE VAL D’HERMENNE
En 2017, la commune vendait à un promoteur immobilier institutionnel sérieux, NORDSEM (formé par le Département du Nord, des collectivités locales et des banques), un vaste terrain situé Voie d’Hermenne, aux fins d’y réaliser un lotissement.
Une concession d’aménagement classique était signée entre les deux parties.
Ce contrat permettait, naturellement, toutes les prorogations indispensables, le temps de commercialisation étant systématiquement plus long que la durée de tout contrat initial.
Pour des raisons que nous appellerons, pudiquement, obscures, au bout de 7 ans (dont 2 ans d’études et de préparation et 2 ans de crises sanitaire puis financière) — ce qui est peu pour parvenir à vendre 80 parcelles — NORDSEM manifestait son désir de couper court avec la municipalité (ce qu’elle n’a fait pour aucun autre de ses chantiers). Cette dernière cédant sans résistance particulière, ce qui, pourtant, était son devoir (les temps ont bien changé à Proville !).
Le résultat de cette affaire : la commune devra payer sur 5 ans une dette de 1 344 000 euros (environ 270 000 euros par an de 2025 à 2029 inclus), qu’elle essayera de compenser par la vente d’une petite trentaine de lots, tout en sachant qu’il reste des travaux à réaliser dans cette résidence, pour des sommes de plusieurs centaines de milliers d’euros.
Si, à en croire le maire, cela ne devrait pas poser trop de problème pour 2025, il n’en sera pas forcément de même pour les années suivantes, dans la mesure où il faudra vendre a minima 6 terrains par an afin de ne pas ponctionner les finances de la commune.
Et vendre 6 terrains par an pendant 4 ans, dans la période d’incertitude lourde où nous nous trouvons, ce serait un exploit, sinon une gageure. Ne rêvons surtout pas !
Beau cadeau de bienvenue pour ceux qui prendront en charge notre commune après les élections de 2026 ! Pourvu que ce soit des gens, enfin, sérieux…
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